Vous devez suivre cette leçon si vous pensez :
Que l’offre de travail c’est la même chose que l’offre d’emploi,
Que la demande de travail c’est la même chose que la demande d’emplois
Que la demande d’emplois est le nombre de demandeurs d’emplois
Qu’un licenciement augmente l’offre de travail
Qu’un licenciement augmente la demande d’emplois
…
Population active – population active employée (ou emploi) = chômage
L’offre est la variation de la population active
En effet, l’offre = intention de vendre (ce qui exclut la force de travail déjà vendue)
La demande est la variation de l’emploi (créations nettes d’emplois) pour la même raison
(ou demande d'emplois)
L’offre nette = arrivées - départs (sur et du marché du travail)
Elles dépendent de trois ordres de facteurs:
a) Un facteur démographique (le plus important):
le taux de natalité de la génération en âge d'entrer sur le marché du travail.
exemple: Sous l’influence du « baby boom » (définition), situation le nombre de demandeurs d'emplois a augmenté à la fin des années 1960
b) Des facteurs sociologiques :
le comportement de certaines catégories de la population vis-à-vis de l'emploi: femmes, immigrés... Se reflète dans le taux d’activité.
la durée de la scolarité
c) Un facteur institutionnel :
l'âge de fin de scolarité obligatoire
Ils dépendent des mêmes ordres de facteurs :
a) Un facteur démographique:
le taux de natalité de la génération en âge de quitter le marché du travail.
Actuellement, c’est la génération du « papy boom »
b) Un facteur institutionnel :
l'âge de la retraite
Considérons la pyramide des âges[1] à des dates différentes. Les documents n° 1, 2 et 3 représentant respectivement les pyramides des âges au 1er janvier 2018, au 1er janvier 2000 et au 1er janvier 1968.
Si tous les jeunes sortaient au même âge du système scolaire (par exemple 20 ans), le nombre réel des arrivées sur le marché du travail une année donnée, serait le nombre de personnes nées 20 ans auparavant.
En réalité, les arrivées sur le marché du travail s’échelonnent entre 16 et 25 ans environ, en fonction de la durée des études.
De même, si tous les actifs d’une génération prenaient leur retraite en même temps (par exemple 62 ans), le nombre réel de départs du marché du travail une année donnée serait le nombre de personnes nées 62 ans auparavant.
En réalité, seule une partie des personnes âgées de 62 ans une année donnée prennent leur retraite cette année-là. Les autres l’ont déjà prise ou vont la prendre plus tard.
Ces données de comportement (sociologiques, se traduisent dans les taux d’activité. Nous connaissons ces derniers par tranches d’âge et non par générations.
Répartition de la population française par tranches d’âge
d’après le recensement de 2014 en France
(source Insee[2] - « extrait)
|
Retraités ou préretraités (1) |
Elèves, étudiants, stagiaires non rémunérés (2) |
Femmes ou hommes au foyer et autres inactifs (3) |
Ensemble (4) |
Taux d’activité = [(4) – (1) - (2) - (3)] / (4) En % |
15-19 ans |
0 |
3 145 320 |
144 769 |
4 002 410 |
17,8 |
20-24 ans |
0 |
1 027 052 |
235 632 |
3 873 960 |
67,4 |
55-64 ans |
3 102 809 |
17 |
992 237 |
8 304 979 |
50,69 |
65 ans ou plus |
11 183 503 |
12 |
451 491 |
11 971 222 |
2,8 |
Taux d’activité en 2016 (source Insee[3])
Tranche d’âge |
Hommes |
Femmes |
Ensemble |
15-64 ans |
75,4 |
67,6 |
71,4 |
15-24 ans |
39,8 |
34,0 |
36,9 |
25-49 ans |
93,0 |
82,9 |
87,9 |
50-64 ans |
68,0 |
62,1 |
64,9 |
Ensemble des 15 ans ou plus |
60,6 |
51,6 |
55,9 |
Il est donc difficile de chiffrer précisément l’offre une année donnée. Il faudra se contenter d’en estimer une fourchette.
Pour ce faire, on retiendra deux hypothèses parmi toutes les hypothèses de l’âge d’arrivée sur le marché du travail : l’hypothèse qui en donne le nombre maximal et celle qui en donne le nombre minimal.
De même, on retiendra deux hypothèses parmi toutes les hypothèses de l’âge de départ du marché du travail : l’hypothèse qui en donne le nombre maximal et celle qui en donne le nombre minimal.
On pourra alors retenir une fourchette de l’offre comprise entre un maximum égale à :
Nombre maximal des arrivées – nombre minimal des départs,
et un minimum égal à :
Nombre minimal des arrivées – nombre maximal des départs.
Les documents n° 1.1, 2.2 et 3.3 présentent cette synthèse pour les années respectives 2018, 2000 et 1968 à partir des documents respectifs 1, 2 et 3.
Document n° 1.1 Estimation de l’offre sur le marché du travail en 2018 |
|||||
D'après la pyramide des âges française au 01-01-2018 |
|||||
Les arrivées potentielles sur le marché |
Les départs potentiels du marché |
||||
Personnes nées en |
Leur âge en 2018 |
Leur nombre |
Nés en |
Age en 2018 |
Nombre |
2001 |
16 |
816 021 |
1952 |
66 |
760 764 |
2000 |
17 |
828 193 |
1953 |
65 |
780 203 |
1999 |
18 |
785 471 |
1954 |
64 |
769 877 |
1998 |
19 |
775 524 |
1955 |
63 |
788 149 |
1997 |
20 |
750 885 |
1956 |
62 |
790 864 |
1996 |
21 |
751 084 |
1957 |
61 |
801 271 |
1995 |
22 |
734 838 |
1958 |
60 |
809 540 |
1994 |
23 |
705 808 |
1959 |
59 |
813 824 |
1993 |
24 |
698 780 |
1960 |
58 |
833 430 |
1992 |
25 |
732 693 |
1961 |
57 |
840 074 |
Nombre maximal |
828 193 |
840 074 |
|||
Nombre minimal |
698 780 |
760 764 |
|||
Offre maximale |
67 429 |
||||
Offre minimale |
-141 294 |
Document n° 2.2 Estimation de l’offre sur le marché du travail en 2000 |
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D'après la pyramide des âges française au 01-01-2000
|
|
|||||
|
|||||
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|
|
Document n° 3.3
Estimation de l’offre sur le marché du travail en 1968
D'après la pyramide des âges française au 01-01-1968 |
|||||
Les arrivées potentielles sur le marché |
Les départs potentiels du marché |
||||
Personnes nées en |
Leur âge en 1968 |
Leur nombre |
Nés en |
Age en 1968 |
Nombre |
1951 |
16 |
830 885 |
1901 |
66 |
484 913 |
1950 |
17 |
863 864 |
1902 |
65 |
503 361 |
1949 |
18 |
864 732 |
1903 |
64 |
504 044 |
1948 |
19 |
869 755 |
1904 |
63 |
517 458 |
1947 |
20 |
861 960 |
1905 |
62 |
527 214 |
1946 |
21 |
819 370 |
1906 |
61 |
537 255 |
1945 |
22 |
623 521 |
1907 |
60 |
536 856 |
1944 |
23 |
616 917 |
1908 |
59 |
560 478 |
1943 |
24 |
612 012 |
1909 |
58 |
561 159 |
1942 |
25 |
574 769 |
1910 |
57 |
571 611 |
Nombre maximal |
869 755 |
571 611 |
|||
Nombre minimal |
574 769 |
484 913 |
|||
Offre maximale |
384 842 |
||||
Offre minimale |
3158 |
Autres illustrations
Evolution des taux d’activité
Taux d’activité des femmes de 15 à 65 ans[4] :
1990 : 57%
2012 : 67%
Taux d’activité des Français de 15 à 65 ans : + 1,1 pts entre 2011 et 2016.
Taux d’activité des plus de 50 ans : +9,9 pts entre 2008 et 2016
Des 15-24 ans : -1,8 pts
25-49 ans : -1,1 pts
Femmes de 25 à 49 ans : - 1 pt[5]
[1] Source : Insee.
[2] https://www.insee.fr/fr/statistiques/2874212?sommaire=2874226&geo=FE-1
[4] Achille Weinberg : « L’évolution de l’emploi », (encadré) in Dominique Méda : « Le nouvel âge du travail », Sciences Humaines, n° 277S - janvier 2016, p. 43
[5] Guillaume Duval, « Sous le capot du chômage », 4. « L’effet massif des réformes des retraites », Alternatives économiques, n° 363 – décembre 2016, p. 16.
(ou offre d'emplois)
Le besoin de main-d’oeuvre résulte de la production. On embauche pour produire des biens et des services.
La demande correspond à un besoin nouveau de main-d’oeuvre. Ce besoin nouveau suppose une augmentation de la production (croissance économique, mesurée par l’augmentation du PIB).
Mais elle n’est pas nécessairement proportionnelle à cette croissance. D’autres facteurs interviennent.
Pour les découvrir, introduisons la notion de productivité du travail
1. Productivité du travail
= quantité produite / volume de travail utilisé
= quantité produite / nombre de travailleurs ´durée du travail
Nombre de travailleurs ´durée du travail / quantité produite = 1/ productivité du travail
nombre de travailleurs = quantité produite / productivité du travail ´durée du travail
2. L’ évolution du nombre de travailleurs dépend :
-De la croissance économique, de manière directe,
-Des gains de productivité du travail et de l’évolution de la durée du travail, de manière indirecte
En l’absence de gain de productivité,
pour une durée du travail constante,
l’emploi varie proportionnellement à la croissance économique
Si la productivité augmente, il faut un taux de croissance d’autant plus élevé pour créer le même nombre d’emplois
Si la durée du travail diminue, il faut un taux de croissance d’autant moins élevé.
Les évolutions respectives de la productivité et de la durée du travail déterminent le « contenu en emploi de la croissance »
Evolution du PIB, de l’emploi, et de la productivité du travail en France (source Insee)
Données en % de variation |
PIB en volume |
emploi en nombre de personnes |
productivité par personne |
emploi en équivalent temps plein |
productivité/h |
2016-2010 |
6,22 |
2,69 |
3,43 |
1,82 |
4,32 |
2010-2000 |
12,75 |
4,69 |
7,70 |
5,09 |
7,30 |
2000-1990 |
23,06 |
8,50 |
13,42 |
5,59 |
16,54 |
1990-1980 |
27,76 |
4,44 |
22,32 |
4,66 |
22,07 |
On constate sur ce tableau :
Que l’emploi n’a pas cessé d’augmenter sur toute la période,
et ce malgré une augmentation également continue de la productivité du travail ;
qu’il y a malgré tout un ralentissement des gains de productivité du travail ;
que la productivité par heure augmente toujours plus que la productivité par personne, en raison d’une tendance à la baisse de la durée du travail effective
Autres illustrations
Temps de travail en heures
|
hebdomadaire moyen des salariés[1] en 2014 |
Durée effective annuelle moyenne en 2015[2] |
France |
34,4 |
1 521 |
Zone euro |
34,8 |
|
Allemagne |
34,4 |
1 580 |
Danemark |
33,5 |
1 506 |
Pays-Bas |
30,6 |
1 366 |
Roumanie |
40,8 |
|
Bulgarie |
39,7 |
|
Grèce |
38,1 |
|
Suède |
|
1 509 |
Royaume Uni |
|
1 624 |
Italie |
|
1 627 |
Espagne |
|
1 656 |
Portugal |
|
1 757 |
Productivité du travail en France comparée à d’autres pays en 2015
Quand, en 2015, un Chaque Français occupant un emploi produit…
Pays |
Supplément en % |
Productivité nominale du travail par personne employée en 2015, base 100 = moyenne européenne |
Quand, en 2015, un travailleur de… |
…produit 100 €, un travailleur français produit 100 + … |
|
Allemagne |
112 |
107,0 |
Zone euro |
114 |
|
Italie |
116 |
106,0 |
Espagne |
127 |
103,5 |
Japon |
129 |
|
Corée |
141 |
|
Pologne |
166 |
|
Portugal |
|
78,9 |
Royaume Uni |
|
103,0 |
Pays-Bas |
|
111,1 |
Danemark |
|
113,0 |
Suède |
|
113,1 |
France |
|
114,4 |
[1] Alternatives économiques, n° 357, mai 2016, p. 74
[2] Alter Eco, HS n° 109 – octobre 2016 p. 34.
Définition du BIT[1] (enquête INSEE)
Aucune activité au cours de la semaine de référence
Disponibilité dans les deux semaines
Recherche active d’emploi dans le mois précédent
Illustrations
Nombre de chômeurs en France[2], au sens du BIT, en 2017, en milliers de personnes
Tranche d’âge |
Femmes |
Hommes |
Total |
15-24 ans |
265 |
354 |
620 |
25-49 ans |
797 |
796 |
1 593 |
50 ans ou plus |
269 |
306 |
575 |
Total |
1 332 |
1 456 |
2 788 |
Taux de chômage en 2017 dans quelques pays[3], en % de la population active
Grèce |
20,5 |
Espagne |
16,8 |
Italie |
11,1 |
France |
9,4 |
Zone euro |
8,9 |
Portugal |
8,5 |
Royaume-Uni |
4,2 |
Etats-Unis |
4,2 |
Allemagne |
3,7 |
B. Définition de Pôle Emploi
Catégorie A :
Recherche active d’emploi
Aucune activité rémunérée au cours du mois précédent
Disponibilité immédiate
Catégories B et C
Ont exercé une activité limitée
B : moins de 78 heures
C : plus de 78 heures
Catégories D et E
Personnes non disponibles immédiatement
D : personnes malades ou en formation
E : chômeurs bénéficiant de contrats aidés
[1] Bureau International du Travail. Alternatives économiques n° 378 – avril 2018 p 92 (« Le hâlo du chômage »)
[2] Source : Insee
[3] Alternatives économiques, HS n° ;,114, février 2018, p. 18
A Influence du salaire sur l’offre de travail (ou demande d’emplois)
pour les catégories qui ont le choix entre offrir ou non leur force de travail (demander ou non un emploi)
B Influence du salaire sur la demande de travail (ou offre d’emplois)
L’augmentation du salaire peut inciter l’employeur :
à délocaliser la production ;
à réaliser des gains de productivité
substituer du capital au travail (« remplacer l’homme par la machine »)
rationnaliser la production (utiliser le « facteur travail » à sa pleine capacité en chassant les temps mort
C Influence en retour de l’offre et de la demande sur le salaire
Particularités du marché du travail
1) la fixation du salaire résulte d’une procédure en grande partie collective.
Trois influences :
-l’Etat : fixe un minimum général (le SMIC)
-la négociation collective : fixe un minimum par branche
-enfin, la négociation individuelle: fixe le salaire de chaque contrat
2) la négociation individuelle est fortement a-symétrique : une des parties au contrat impose en grande partie ses conditions
Conséquence
le salaire ne joue pas un rôle d’ajustement automatique et immédiat en cas de déséquilibre offre / demande
ex : en cas de chômage, le salaire ne baisse pas immédiatement
Il peut jouer cependant ce rôle à plus long terme :
en cas de chômage, le gouvernement peut décider de ne plus augmenter le smic ; (mais cela dépend de ses choix politique et de son inspiration théorique) ;
en cas de chômage, les syndicats patronaux bénéficient d’un rapport de force qui leur permet d’imposer une stagnation des minima par branches dans les négociations collectives.